Le conte - Récit - Lecture

Récit (lecture) sur Le conte au :

et Mme Willoughby étaient assis devant la cheminée après le dîner du soir. Il lisait un journal et elle tricotait quelque chose en laine beige. Les quatre enfants, en pyjama de flanelle, entrèrent dans la pièce.

— Je fais un pull pour le chat, leur dit Mme Willoughby en montrant le tricot, où l’on voyait une petite manche fine déjà formée.

— J’aurais préféré que tu fasses un deuxième pull pour moi et B, dit Barnaby A. C’est difficile de se partager un pull à deux.

— Je vous l’ai expliqué cent fois, dit leur mère avec exaspération. A, tu le mets le lundi, le mercredi et le vendredi. B, tu l’as le mardi, le jeudi et le samedi. Le dimanche, vous n’avez qu’à vous battre pour savoir qui l’aura.

Elle se tourna vers son mari.

— C’est dégoûtant, dit-elle. De nos jours, les enfants veulent tous avoir leur propre pull.

Elle tricota encore quelques mailles avec application.

— Les enfants ? dit M.Willoughby sur un ton énervé en reposant son journal. Vous vouliez quelque chose ?

— On espérait que tu nous lirais une histoire, dit Tim. Dans les livres, les parents lisent toujours des histoires à leurs enfants avant de les envoyer au lit.

— Je crois que c’est la mère qui fait ça, d’habitude, dit M.Willoughby en se tournant vers sa femme.

—Je suis occupée, dit Mme Willoughby. Le chat a besoin d’un pull.

Et, vite, elle tricota une autre maille. M. Willoughby fit les gros yeux.

—Passez-moi un livre, dit-il.

Tim alla devant la bibliothèque et passa en revue les volumes alignés sur l’étagère.

— Dépêche-toi, dit son père. Je suis en train de lire un article sur les taux d’intérêt.

Aussitôt, Tim lui tendit un livre de contes de fées. Son père l’ouvrit au milieu pendant que les enfants s’installaient en demi-cercle à ses pieds. Ils ressemblaient à une illustration sur une carte de Noël.

Willoughby se mit à lire à haute voix :

— Au cœur d’une grande forêt, un pauvre bûcheron vivait avec sa femme et ses deux enfants.

Le garçon s’appelait Hansel, et la fille Gretel. Il avait à peine de quoi les nourrir. Bientôt, une grande famine régna sur le pays et il ne fut plus capable de leur procurer le pain quotidien. Une nuit, réfléchissant dans son lit, angoissé, ne pouvant fermer l’œil, il gémit et dit à sa femme : « Qu’allons-nous devenir ? Comment ferons-nous pour nourrir nos pauvres enfants, alors que nous n’avons plus rien pour nous-mêmes ?» La femme répondit : « J’ai une idée. Demain matin de bonne heure, nous emmènerons les enfants très loin dans la forêt. Nous allumerons un feu pour eux, nous leur donnerons à chacun un dernier morceau de pain, puis nous partirons travailler et nous les abandonnerons. Ils ne retrouveront pas le chemin de la maison et nous serons débarrassés d’eux.»

Les lèvres de Jane tremblèrent et elle poussa un petit sanglot. Barnaby A et Barnaby B eurent l’air très inquiet.

— Fini, dit leur père en refermant le livre d’un coup sec. Au lit.

En silence, même si Jane reniflait encore, les enfants montèrent dans leur chambre à toute vitesse. Mme Willoughby se remit à son tricot et commença un nouveau rang. M. Willoughby reprit son journal mais, au lieu de lire, il regarda dans le vide un moment. Puis il dit :

— Chérie ? J’ai une question à te poser. Tu aimes nos enfants ?

— Oh non, dit Mme Willoughby en coupant un petit fil qui rebiquait avec ses ciseaux plaqués or.

Je ne les ai jamais aimés et il y a les deux que je n’arrive pas à différencier, continua Mme Willoughby. Ceux avec le pull.

Extrait du livre les Willoughby de Lois Lowry

Questionnaire

❶ A quel moment de la journée cette scène se déroule-t-elle ? Surligne les éléments qui t’ont permis de répondre.

❷ Pourquoi les jumeaux n’ont-ils qu’un seul pull pour deux ?

❸ Remets les évènements dans l’ordre chronologie :

c Tim demande une histoire à ses parents.

c La famille Willoughby dîne.

c M. Willoughby lit un conte à ses enfants.

c Les enfants vont se coucher.