« Je ne perds jamais. Soit je gagne, soit j’apprends. »
Cette citation de Nelson Mandela a le mérite d’être claire ! Son application durant l’instruction, qu’elle soit en famille ou non est fondamentale mais pas forcément aisée à mettre en œuvre.
Pourquoi se tromper c’est gagner quand même ?
Commettre une erreur n’est agréable pour personne, encore moins pour un enfant. Et si cet enfant est instruit par ses parents, cela peut devenir encore plus gênant pour lui car il souhaite faire plaisir à ses parents, leur montrer qu’il sait bien faire les choses. Pourtant, enseigner à son enfant que l’erreur est humaine et qu’il est essentiel d’apprendre de celle-ci est primordiale.
Imaginons que j’ai besoin d’écrire le mot « erreur » et que je l’écrive mal (éreur, héreure, haireure, eireur, erreure… La langue française est formidable, il y a tant de combinaisons possibles !) Imaginons encore qu’une personne se moque de moi ou me dispute parce que j’ai mal écris ce mot. Que va-t-il se passer ? Le stress va monter en moi, les critiques occuperont toutes mes pensées, je me sentirais honteuse et je ne suis pas sûre que je retiendrais la bonne orthographe au milieu du flot de reproches. Ajoutons là -dessus que ce n’est pas une personne lambda mais mon père ou ma mère : la personne dont je cherche la reconnaissance. Quelle déception ce peut être pour certains enfants de ne pas se montrer à la hauteur face à un parent ! Et la prochaine fois que je devrais écrire le mot « erreur » ? Vous sentez la vague de stress qui approche ? Les mots qui se mêlent dans la tête, occupent toutes les pensées et empêchent de se concentrer sur le but initial : se souvenir de la succession de lettres qui composent le mot. Pas très productif tout ceci, n’est-ce pas ?Â
Nous avons tous de douloureux souvenirs de ce type où se mêlent des sentiments de gêne, de honte, de colère envers soi-même et envers celui qui nous a corrigé. Aucun sentiment positif ne s’en dégage et si nous nous en souvenons encore, c’est dire si ces mauvaises expériences nous marquent !
Revenons à notre mot « erreur ». Si, dans la même situation, cette même personne me fait gentiment remarquer que le mot est mal orthographié, la prochaine fois que j’aurai à l’écrire, j’esquisserai un petit sourire en pensant à elle et avec une certaine malice je serai contente de me rappeler la combinaison de lettres. Je l’écrirai correctement ou tout au moins je m’appliquerai à m’en souvenir et si la personne est proche, je serai heureuse de lui montrer que je me suis souvenue de sa remarque.
Cet exemple est une mise en application très concrète du droit à l’erreur. Le reproche ou la sanction sont contre-productifs alors que la valorisation de l’erreur permet de la retenir plus facilement afin de ne pas la répéter. Ceci dit il est parfois nécessaire de se tromper plusieurs fois pour que l’information s’ancre dans le cerveau. Cette fameuse réflexion « Punaise, je le savais ! » n’est malheureusement inconnue de personne !
C’est également pour cette raison que les exercices auto-correctifs plaisent tant aux enfants. Ils autorisent à se tromper, donnent la solution du problème sans avoir recours à un adulte. L’erreur est déjà bien assez décevante, il n’est nul besoin d’avoir un spectateur lorsqu’on la commet. Cela permet à l’enfant de se sentir plus libre, de travailler avec plus d’entrain et d’être plus sûr de lui.
Et quand on instruit plusieurs enfants ?
Il n’est pas rare que frères et sÅ“urs se chamaillent entre eux (notez l’euphémisme). Dans le cadre de l’IEF cela peut aussi empiéter sur les apprentissages et les moqueries peuvent fuser, tout comme la mise en avant de l’un par rapport à l’autre (système de comparaison et de compétition, etc) : « Moi j’ai bien fait mais pas mon frère ». Il n’est pas évident de transformer cette moquerie en une aide pourtant c’est possible. Des phrases telles que « Peux-tu expliquer à ta sÅ“ur comment faire ? » ou « Peux-tu aider ton frère à comprendre l’exercice ? » peuvent apaiser la situation et la convertir en un moment positif si on prend soin de l’accompagner avec le bon état d’esprit. Car si l’enfant répond « Ben c’est facile, ça s’écrit E.R.R.E.U.R ! » cela n’est pas constructif. Demander pourquoi à l’enfant peut-être suffisant s’il est mesure de l’expliquer, sinon il faudra passer par de la reformulation : « Ce que ton frère veut t’expliquer c’est surement que… ». Pas évident mais pas impossible.
Dans le milieu scolaire, les activités à plusieurs se pratiquent de plus en plus, favorisant l’entraide. Durant ces travaux de groupe les enfants commettent des erreurs et beaucoup sont instantanément corrigées par un des enfants. Mais comme celui-ci ne sait pas tout, il fera sûrement d’autres erreurs qui seront à nouveau corrigées par un autre enfant. Ceci ne s’apparente pas à de la tricherie dans la mesure où on ne leur demande pas de faire seuls, d’autant plus au vu et au su de tous. Il serait dommage de s’en passer en instruction en famille.
Et le parent instructeur ? Quel est son droit à l’erreur ?
Le parent est comme l’enfant, il souhaite faire au mieux, constamment. Et comme l’enfant il lui arrive de se tromper, de ne pas agir comme il sait qu’il le faudrait. Car oui, ça peut être très agaçant quand son enfant ne retient pas des conjugaisons ou des tables de multiplication. Il y a de quoi perdre patience et tout sens de la pédagogie… Certaines choses peuvent s’expliquer et d’autres sont « comme ça ». Pourtant il existe des tas de stratagèmes et moyens mnémotechniques pour contourner ces problèmes, il est nécessaire de se remettre en question et agir différemment la fois suivante.
Transformer un cercle vicieux en cercle vertueux : Si nous ne sommes pas capables d’indulgence envers nous-même, comment l’être envers les autres ? Et pourtant, nous sommes parfois plus durs avec nous même qu’avec autrui…
Nous aussi, ne perdons jamais et apprenons de nos erreurs !
Emilie, fondatrice du blog alecoledesloupiots.fr, pour Pass Éducation