Apprendre la gestion des conflits doit permettre aux adultes de demain de connaître un monde plus enclin au pacifisme. Pour faciliter cela, il existe depuis quelques années l’éducation à la paix. Il s’agit d’apprendre la paix aux enfants. Cela peut paraître un peu sommaire. Mais de quelle paix parle-t-on ? Lorsque l’on cherche la définition, il en ressort les termes suivants : état de tranquillité, état de calme, calme intérieur, tranquillité d’âme. Absence d’agitation, de querelles, de conflits. Il s’agit donc de la paix intérieure, de la paix avec ses pairs — et de la paix avec son environnement. Cela signifie apprendre aux enfants à vivre de manière harmonieuse avec leur univers, tout en y trouvant leur place, à l’écoute d’eux-mêmes. Une vision du monde de demain en parfaite adéquation avec la pédagogie Montessori.
La paix, un état d’être
La paix, pour pouvoir se répandre, doit commencer en soi. En tant qu’accompagnants, nous avons donc un rôle primordial : apprendre aux adultes de demain la gestion des conflits.
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Entretenir la paix intérieure
La paix intérieure s’acquiert, notamment en aiguisant son intelligence émotionnelle. Elle se développe lorsque l’on fait attention à soi. Pour cela, les enfants doivent apprendre à apprivoiser leurs émotions, savoir les nommer et les prendre en considération.
Les pratiques artistiques peuvent leur permettre d’exprimer leurs ressentis autrement. Ils peuvent également entretenir leur bien-être grâce aux exercices de respiration, de yoga, voire de méditation.
Pour les accompagner au mieux en tant que parent ou en tant qu’enseignant, le livre « L’éducation émotionnelle de la maternelle au lycée » de Michel Claeys Bouuaert est une bonne ressource. Celui-ci le met gracieusement à disposition.
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Préserver la paix avec les autres
Les enfants, au contact des autres, se socialisent. Ils peuvent acquérir une réelle posture pacifique en fonction des outils qu’ils ont à leur disposition. Cela dépend également de ce qu’on leur explique — et surtout de ce qu’on leur montre en exemple.
Ainsi, ils peuvent apprendre la médiation. La communication non violente peut être une
bonne ressource pour faire le point sur les besoins de chacun. Les enfants arrivent alors à trouver des solutions satisfaisantes pour tous. Et ces premiers pas en gestion des conflits pacifique leur permettent de poser de solides fondations.
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Le respect de son environnement
La protection de la nature et de l’environnement est abordée depuis plusieurs années. La sensibilisation à la cause de notre planète se généralise. Toutefois, la vie citadine ne permet pas aux enfants de prendre conscience de l’importance de la nature pour atteindre un certain équilibre. Il est nécessaire d’attirer leur attention sur sa fragilité afin qu’ils puissent adopter des gestes adaptés. Que ce soit au travers des livres ou de sorties pédagogiques, il est primordial de créer ce lien entre les plus jeunes, la Terre et les autres êtres vivants qui
la peuplent.
L’école : un pilier de la gestion des conflits
L’école a un rôle fondamental dans cet apprentissage. La plupart des enfants y passent une grande partie de leurs journées. C’est un terrain de découvertes très riche. Ils sont confrontés à de multiples expériences de gestion des conflits — et à de nombreuses ressources matérielles et humaines.
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Leur apprendre par l’exemple
Il ne s’agit pas de dispenser des cours sur « comment faire la paix », mais de la représenter en tant que professeur. Philippe Mérieu illustre ce propos dans une interview pour le magazine Aide et Action « Si un prof de maths, par exemple, donne la parole à chacun et prend le temps d’expliquer, il enseignera la paix à ses élèves. Celui qui dira aux plus faibles
de se taire pour ne pas ralentir la classe fera l’inverse.”
Il apparaît que notre système scolaire actuel devrait être repensé pour permettre à cette notion de se faire connaître. Plus de solidarité et de coopération, moins de compétition.
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Entraîner leur esprit critique
L’école, en apprenant aux enfants à avoir l’esprit critique, doit leur permettre d’effectuer des choix éclairés.
Afin d’aider les enseignants dans leur tâche, plusieurs projets voient le jour. La Coordination pour l’éducation à la non-violence et à la paix met ainsi à disposition des fiches-outils. Elles abordent les différentes notions du programme pour l’éducation à la non-violence et à la paix. Elles sont adaptées en fonction des cycles et des capacités des élèves.
La pédagogie Montessori et l’éducation à la paix
Maria Montessori valorise l’enfant au travers du respect de ses particularités propres. Pour elle, la paix passe par le rôle de l’accompagnant, qui saura former de futurs adultes équilibrés et épanouis. L’éducation est la seule arme valable.
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Une remise en cause du système existant
Maria Montessori critique ouvertement le système scolaire existant via deux axes : l’esprit de compétition au détriment de celui de l’entraide et la recherche de la conformité à tout prix.
Elle déclare lors du sixième congrès international Montessori en 1937 :
« Qu’apprend l’enfant à l’école ? À ne pas aider les autres, à ne pas souffler à ses camarades la réponse qu’ils ne connaissent pas et à ne se préoccuper que de deux choses : en fin d’année, être admis dans la classe supérieure et obtenir des prix qui lui vaudront ses victoires dans la compétition avec ses camarades. »
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Laisser l’enfant penser par lui-même
Le petit va apprendre en fonction de ses périodes sensibles. Il va donc s’écouter et se fier à son propre jugement. Aussi, il ne ressentira pas la nécessité de suivre un meneur, quel qu’il soit. Il saura se forger son avis et l’expliquer.
Elle dénonce ainsi le fait que la société cherche à faire entrer dans un même moule des millions d’individus différents, les abîmant au passage. Ceux-ci reçoivent une éducation les poussant à accepter certains principes contraires. Si on apprend à l’enfant à penser par lui-même, si on encourage son développement à son rythme propre, celui-ci va acquérir une force de caractère et une clarté d’esprit. Il sera alors apte à remettre en question un système bancal — et en établir un autre.
Elle n’entend pas par éducation, la transmission de valeurs culturelles. Elle soutient le fait que l’adulte se doit de guider le petit afin qu’il se confronte à la réalité et l’apprivoise.
Valérie Sakly, auteure de site matribuenvadrouille.com, pour Pass Education