Pratiquer l’IEF avec un enfant autiste

L’IEF avec un enfant autiste : favoriser son épanouissement

Pratiquer l’IEF avec un enfant autiste est une décision qui peut relever d’un libre choix ou de l’absence d’autres solutions. Chaque situation est différente puisque les troubles du spectre autistique présentent une grande variabilité dans l’intensité des caractéristiques. Néanmoins, l’IEF pour un enfant TSA permet une éducation réellement adaptée aux nécessités uniques de chaque enfant. Elle va répondre à ses besoins sensoriels spécifiques, et apporter le soutien émotionnel et comportemental nécessaire. Voici quelques pistes pour créer un cadre d’apprentissage optimal. Celui qui, au-delà des notions plutôt scolaires, permettra à l’enfant de développer ses compétences sociales et de communication et l’accompagnera sur le chemin de son autonomisation. 

Comprendre l’autisme

Si l’on parle de troubles du spectre autistique, c’est bien parce que chaque personne qui est autiste présente un ensemble unique de caractéristiques particulières. Ces troubles peuvent se manifester par :

  • une altération des compétences : ychosociales, notamment en termes d’interactions et communication ;
  • une rigidité mentale, des comportements répétitifs et des intérêts spécifiques ;
  • une perturbation des perceptions sensorielles.

Deux personnes avec un diagnostic d’autisme peuvent ainsi avoir des profils très différents. Certaines peuvent révéler des aptitudes exceptionnelles dans des domaines spécifiques (musique, mathématiques, mémoire visuelle, apprentissage d’une langue, informatique etc.). Et elles peuvent parallèlement  nécessiter un soutien considérable dans les tâches du quotidien (organisation, hygiène, habillage, repas…), selon le niveau de difficultés qu’elles traversent.

L’approche éducative nécessite dans l’idéal une personnalisation forte pour laquelle l’IEF peut être particulièrement adaptée. 

Intérêts de pratiquer l’IEF avec un enfant autiste

En offrant un cadre flexible, l’IEF permet aux parents et éducateurs de créer un environnement d’apprentissage sur mesure, comme c’est le cas pour un enfant TDAH en IEF :

  • les distractions sont minimisées ;
  • les enseignements peuvent être adaptés pour répondre aux intérêts et au rythme de l’enfant.

Ainsi, sans enfermer l’enfant dans sa passion s’il en a une, l’exploration de sujets académiques pourra se faire à travers son sujet favori. Un enfant fasciné par les trains pourra aborder la lecture, les mathématiques, l’Histoire, la géographie avec, en fil conducteur, le thème ferroviaire. Ce qui n’est guère possible dans une classe de plus de 20 élèves.

De plus, l’IEF facilite l’intégration de rendez-vous: ychomotricien,: ychologue, orthophoniste, etc.) et des exercices sensoriels dans le quotidien de l’enfant pour l’accompagner dans son développement. Il est ainsi plus aisé de trouver avec votre enfant des sources de motivation en fonction de ses intérêts spécifiques et de ses loisirs favoris, et de réunir toutes les conditions pour que ses apprentissages se fassent dans un cadre aimant et sécurisé.

Comment pratiquer l’IEF avec un enfant autiste ?

Que ce soit par choix ou parce que l’IEF est la seule solution actuellement possible pour votre enfant autiste, voici quelques conseils à adapter à votre situation. 

#1 – L’aménagement d’un espace sécurisé, structuré, apaisant

Cet environnement sécurisant peut notamment intégrer un coin calme pour les pauses, avec des widgets qui permettent de diminuer l’anxiété en cas de crises. Quant au matériel spécifique d’apprentissage, un rangement et une présentation bien organisés contribueront à bâtir un cadre favorable à l’acquisition de nouvelles notions.

#2 – Une routine claire, prévisible

Cette routine fournit, elle aussi, un cadre rassurant. Elle permet de réduire le stress lié à l’inconnu. Tout en restant flexible, afin de pouvoir adapter la journée à l’état physique et émotionnel de votre enfant, cette routine donne des repères. Un emploi du temps avec des pictogrammes ou des photos peut être d’une grande aide pour l’enfant, tant dans sa compréhension que dans son anticipation des activités de la journée. 

#3 – Le recours à des outils et ressources adaptés

Si votre enfant présente des difficultés pour s’exprimer, l’utilisation de systèmes de communication alternative et/ou augmentative peut être conseillée. N’hésitez pas à demander aux professionnels de santé qui suivent votre enfant, comme l’orthophoniste. Vous trouverez :

En fonction des troubles sensoriels de votre enfant, l’utilisation d’un casque réducteur de bruit peut être pertinent. 

Quant aux ressources pédagogiques en tant que telles, en fonction du niveau (1, 2 ou 3) du TSA de votre enfant, vous pouvez piocher dans celles du site Pass-Education ou regarder du côté des blogs de parents ou d’enseignants en classe spécialisée (anciennement ULIS ; UEMA pour la maternelle, etc.).

#4 – Le réseau de soutien

Lorsqu’on instruit en famille, on peut décider de l’organisation des temps d’apprentissage plus formels, de ceux, ô combien riches, informels : sorties nature, visites de musées, de patrimoine, rencontres avec des artisans, activités sportives, etc.

N’hésitez pas à rejoindre des groupes de parents, qui pratiquent aussi l’IEF. Si votre enfant est en capacité de passer un peu de temps avec d’autres enfants, cela peut l’aider à développer les codes de communication et d’interaction. Cela évite également l’isolement qui peut être très néfaste pour le moral.

💡 Découvrez le témoignage de Florence qui pratique l’unschooling avec son fils Zack.

Dans un épisode du podcast de Serial Mother, Camille de Peretti fait part d’une solution qu’elle a mise en place avec son mari pour les accompagner dans la prise en charge de leur fils aîné, autiste de niveau 3. Ils ont fédéré autour d’eux un groupe de soutien d’une cinquantaine de personnes. Celles-ci s’engagent à prendre Auguste, un dimanche dans l’année, pendant 4 heures, afin de contribuer au bien-être de toute la famille. Généralement, c’est aussi l’occasion pour Auguste de vivre des moments qu’il apprécie. 

#5 – Le soutien  inconditionnel

Vous entendrez peut-être parler de techniques qui visent à conditionner votre enfant afin qu’il adopte les attitudes attendues par la société. Sachez qu’il est possible de développer les habiletés sociales et émotionnelles de votre enfant autiste, sans recourir à des thérapies comportementales et cognitives.

Un premier travail est à mener sur soi-même, afin d’accueillir ses propres émotions et besoins.  La communication non violente (CNV) est un outil efficace pour réfléchir à la posture que l’on adopte vis-à-vis de son enfant. 

Apporter un soutien inconditionnel à son enfant ne signifie pas vouloir absolument lui faire adopter des attitudes normées. Il s’agit de l’accompagner s’il manifeste le désir d’évoluer, parce qu’il exprime une gêne dans son quotidien. Pour réussir cet accompagnement, appuyez-vous sur la motivation intrinsèque de votre enfant et sur la communication. Même si celle-ci est essentiellement visuelle dans le cas où votre enfant est non verbal. 

Comme pour tout enfant, les encouragements et compliments sur ses actions ont leur place. Vous pouvez utiliser un support visuel, en symbolisant une flèche de la victoire qui indique le chemin parcouru, d’où il est parti et où il en est aujourd’hui. Se rendre ainsi compte de ses progrès l’aidera à construire et renforcer sa confiance en lui et son estime de soi. Il comprend qu’il progresse pour lui-même, pas pour faire plaisir à son entourage. 

Ainsi, toujours dans l’optique où ce n’est pas l’adulte qui impose sa vision, laissez-lui choisir la manière dont il compensera, si une tâche lui semble difficile à accomplir. Avant de commencer, il peut écrire ce qu’il fera de réconfortant ensuite. Peut-être demandera-t-il un temps partagé autour d’un jeu ou d’une lecture, un massage, un dessin animé ou un bain. C’est à lui d’exprimer la « récompense » qu’il s’attribuera. 

 N’hésitez pas à venir partager votre expérience sur le compte Instagram de IEF Pass-education.

 

Elsa Boulet, du blog Mes Petits Curieux pour Pass-education