Respecter le rythme biologique de l’enfant en IEF

Comment l’école à la maison permet-elle de respecter le rythme biologique de l’enfant ?

En 2013, le gouvernement imposait la semaine de 4 jours et demi aux écoliers. Puis, en 2017, retour à la semaine de 4 jours au bon vouloir des communes. Pour justifier les décisions, les « spécialistes » faisaient entendre leur voix dans les médias, quant à l’organisation hebdomadaire et annuelle la plus adaptée au rythme biologique de l’enfant. Mais temps scolaires traditionnels et rythme biologique de l’enfant sont-ils seulement compatibles ? L’instruction en famille ne serait-elle pas une solution efficace pour respecter la chronobiologie de l’enfant ? Si oui, à quelles conditions ?

Qu’appelle-t-on le rythme biologique de l’enfant ?

La chronobiologie, l’étude des rythmes biologiques

La chronobiologie ou étude des rythmes biologiques examine les cycles naturels de l’organisme. Ceux-ci régulent les aspects physiologiques et comportementaux tels que le sommeil, l’alimentation et l’activité physique. Ils sont également influencés par des facteurs environnementaux et sociaux. On distingue :

  • les rythmes circadiens d’environ 24 heures et qui régissent l’alternance de veille et de sommeil ;
  • les rythmes ultradiens (durée de quelques secondes à quelques heures) ;
  • les rythmes infradiens (plus longs, comme le cycle ovarien mensuel).

Theodor Hellbrügge et Josef Rutenfranz furent les premiers à mener des travaux sur les enfants, dans ce domaine. Ils ont notamment observé que 80 % des enfants de 3 à 12 ans sont somnolents en début d’après-midi. Ils se sont aussi intéressés à des variables physiologiques comme le rythme cardiaque, la température corporelle, etc. Leurs recherches ont été confirmées par d’autres résultats. Elles restent des références.

Rythme biologique de l’enfant vs rythme scolaire

Dans un article paru en 2009 dans Informations Sociales sur les rythmes de l’enfant, Hubert Montagner,: ychophysiologiste du développement et du comportement de l’enfant, porte un regard critique sur la journée scolaire française. Trop longue, fatigante, stressante, elle mériterait d’être adaptée pour améliorer l’attention et la vigilance des enfants. 

Au final, aucun consensus n’a réellement vu le jour en France sur sa réorganisation. Est-ce si compliqué de faire en sorte qu’elles tiennent compte des rythmes biologiques identifiés chez les enfants et soutiennent mieux leur bien-être et leur apprentissage ?

Il semble visiblement très difficile de se défaire de facteurs sociaux, économiques, politiques (horaires de travail, impératifs économiques du secteur touristique, etc.). En 2024, sur la commune de Lyon, les enfants de 2-3 ans, présents depuis 8 h 30 le matin, ne vont à la cantine qu’à midi passé… Quant aux externes, l’école reprend à 14 h 05 : bien tard pour la sieste, bien tôt pour en être réveillé si l’endormissement a eu lieu à la maison. 

Un des avantages de l’instruction en famille, c’est qu’il est possible de ne pas faire comme à l’école. Une organisation différente de la journée va permettre d’être en adéquation avec les besoins uniques de l’enfant. 

Comment savoir si le rythme biologique de l’enfant est sain ?

Les indicateurs de bien-être chez l’enfant

Un rythme biologique bien régulé chez un enfant se manifeste par plusieurs signes clairs de bien-être :

  • Son sommeil : en dehors de toute pathologie, un enfant ayant un rythme biologique sain dort bien toute la nuit et se réveille naturellement, reposé et prêt pour la journée. 
  • Son humeur : un enfant avec un rythme biologique sain montre une stabilité émotionnelle plus grande. Ses réactions sont plus appropriées aux différents événements de la journée. Il manifeste moins d’irritabilité excessive ou de changements d’humeur brusques. Toutefois, un bon rythme biologique ne régule pas seul les émotions, qui font partie d’un apprentissage régulier
  • Son énergie : un enfant en bonne santé, dont les rythmes biologiques sont respectés, disposent d’un niveau d’énergie suffisant pour participer activement à ses activités d’apprentissage et de loisir. Il n’éprouve aucune léthargie inhabituelle.

Risques liés à la non-adaptation

À l’école, les horaires fixent un premier cadre auquel il est difficile de déroger, que cela soit compatible ou non avec le rythme biologique de l’enfant. Tant pis pour les conséquences négatives. On a plutôt tendance à penser que l’enfant s’adaptera. Seulement, d’autres éléments entrent en jeu comme l’organisation familiale, les activités périscolaires parfois tardives, l’heure du coucher… Vous pouvez d’ailleurs étudier l’impact du non-respect des rythmes biologiques avec votre enfant (niveau :  grâce à notre ressource Pass-education. 

Nombre d’enseignants peuvent témoigner de la fatigue des élèves, signe d’un rythme perturbé. Un enfant fatigué aura du mal à se concentrer, ce qui peut nuire à ses apprentissages. Le stress est une autre conséquence notable, puisque l’enfant peut se sentir débordé, incapable de suivre le rythme des activités.

Peut s’ensuivre une baisse de performance scolaire. Les enfants qui ne fonctionnent pas en accord avec leur horloge interne peuvent avoir des difficultés à retenir les informations et à développer des compétences nouvelles.

L’un des avantages de l’instruction en famille, c’est de pouvoir être particulièrement attentif à ces signes pour ajuster le rythme d’enseignement et d’activités à la maison. Cela signifie-t-il pour autant que tout doive se faire au jour le jour, sans programme, sans cadre, sans routine ?

Comment respecter et soutenir le rythme biologique de l’enfant en IEF ?

Bien sûr que non, car l’incertitude peut être source de stress pour l’enfant. La définition d’un cadre clair, mais néanmoins flexible, crée la sécurité dont il a besoin.

Flexibilité des horaires et routine

Un des bénéfices de l’instruction en famille est la possibilité d’adapter les horaires d’apprentissage aux moments de performance optimale de l’enfant. Cela nécessite d’observer quand l’enfant est le plus alerte, concentré et réceptif. Cela peut d’ailleurs évoluer avec l’âge, notamment à l’adolescence où les recherches montrent que la phase d’endormissement (et donc l’heure de réveil) se décale

L’idéal est de pouvoir organiser un emploi du temps personnalisé, adapté aux rythmes de l’enfant : 

  • un réveil naturel dans la mesure du possible ;
  • des sessions d’apprentissage plus ou moins tôt ou tard dans la matinée et la journée en fonction du pic d’attention et d’énergie ;
  • des temps d’apprentissages plus ou moins segmentés en fonction des capacités de concentration, etc.

Avec les jeunes enfants, la routine quotidienne donne le cadre. L’intérêt de ne pas dépendre d’un horaire fixé à la minute près, c’est de pouvoir impulser un rythme de vie plus doux. Pas de stress du matin avec des « dépêche-toi, on va être en retard », pas d’énervement, pas de petit-déjeuner avalé à la va-vite. On prend le temps de vivre, de se parler, d’échanger, de s’émerveiller et d’exprimer aussi son humeur. 

Vous pouvez découvrir une journée type d’un enfant en IEF en fonction de la pédagogie choisie.

Pauses et repos

Pour respecter les cycles d’attention et de repos naturels de l’enfant, l’organisation intègre des pauses régulières dans la journée éducative. Cela aide à maintenir une haute performance cognitive et réduit la fatigue. Qu’il s’agisse d’activités physiques légères ou de temps calmes selon les besoins de l’enfant, l’objectif est de prévenir toute surcharge cognitive et d’éviter de trop stimuler l’enfant. Les temps de pause donnent l’opportunité à son cerveau de traiter les informations et consolider les apprentissages. 

Intégration des activités physiques

Soutenir le rythme biologique de l’enfant, c’est aussi intégrer de l’activité physique dans sa journée. Le mouvement est bénéfique pour la santé physique et mentale des enfants, et donc leur capacité d’apprentissage. L’enfant a besoin de bouger régulièrement tout au long de la journée, pour améliorer sa circulation sanguine et donc l’oxygénation de son cerveau. Qu’il s’agisse de jeux actifs, de promenades, d’exercices de yoga, etc., ces activités peuvent servir de transition entre les leçons et entraînements plus traditionnelles.

Choisir l’école à la maison, c’est offrir la possibilité de respecter le rythme biologique de l’enfant au fur et à mesure de son développement. L’IEF n’a pas pour vocation à reproduire ce qui se fait à l’école. D’autant plus qu’on a généralement besoin de bien moins d’heures qu’en classe pour acquérir les notions. 

Elsa Boulet, du blog Mes Petits Curieux, pour Pass-education