Stop à la course contre le temps

Un des avantages de l’Instruction En Famille (IEF), c’est de pouvoir gérer son temps comme on le souhaite.
Quand les enfants vont à l’école, les contraintes horaires sont très fortes et régissent la vie de toute la famille : horaire de réveil des parents, réveil des enfants (parfois l’inverse ! ), préparation du petit déjeuner, gestion des brossages des dents et des cheveux, de l’habillage, trajet pour l’école. Et le soir ça recommence en sens inverse : trajet jusqu’à la maison, goûter, faire les devoirs, préparer le repas, gérer les douches, brossage des dents, pyjamas, un pipi et au lit.
En semaine, les moments passés avec ses enfants sont majoritairement des moments d’intendance, sources de stress pour toute la famille. Les enfants se sentent constamment pressés par les parents qui eux-mêmes s’activent pour ne pas être en retard. En s’organisant au mieux et si les devoirs se passent bien c’est à dire rapidement et avec facilité, on passe au maximum 1h30 par jour de bons moments avec ses enfants. Le reste n’est qu’une constante course contre le temps composée essentiellement d’ordres donnés aux enfants (lève-toi, habille-toi, dépêche-toi…) et d’intendance (préparer, servir, débarrasser, ranger, nettoyer). C’est un perpétuel recommencement qui peut désagréablement nous rappeler le mythe de Sisyphe.

Évidemment ce n’est pas forcément et uniquement pour cette raison que l’on décide de faire l’IEF !  Néanmoins une des conséquences de ce choix est de stopper cette course constante contre le temps. Bien sûr, pour la plupart des familles, il reste des horaires fixés par les parents : l’heure du lever, l’heure du début des cours, l’heure du repas etc. Sauf que ces horaires sont beaucoup plus flexibles. Ça ne change pas grand chose de démarrer l’école dix ou vingt minutes plus tard que prévu. Au pire on déborde un peu plus sur la pause repas ou en fin de journée. Si les enfants sont plus fatigués un matin, les parents peuvent décider de commencer plus tard ou de ne pas travailler du tout ce jour-là. Et rien n’empêche de rattraper ce jour le mercredi, pendant le week-end ou de ne pas le rattraper. Idem en cas de visite dans la famille ou d’une occasion de faire une activités exceptionnelle.

Le temps scolaire n’a plus du tout la même valeur. Certaines familles ne suivent pas les vacances scolaires par exemple. Elles travaillent un peu tout le temps, partent en vacances quand elles le veulent et ne font pas de rentrées non plus puisqu’on apprend tout le temps, de manière plus ou moins formelle. D’autres familles suivent scrupuleusement les jours et horaires de l’Éducation nationale, les vacances et le nombre d’heures dédiées à chaque matière. L’IEF offre cette liberté d’organisation.

Parfois la liberté peut effrayer et faire craindre l’extrême inverse à savoir ne plus avoir d’horaire du tout. Il ne s’agit pas de vivre hors du temps mais simplement de l’organiser comme bon nous semble. Comme expliqué plus haut, il peut arriver que des parents permettent à leurs enfants de laisser libre cours à leur créativité, à des apprentissages informels ou des séances de lecture le soir. Pour d’autres parents ce serait tout simplement impensable !

Et l’intendance ? Elle est toujours là mais elle se fait en famille et quasiment toute la journée est disponible pour passer de bons moments. On peut très bien expliquer une leçon d’histoire tout en faisant un câlin dans le canapé. On peut expliquer une leçon de géographie en regardant un documentaire ou surfant sur Internet. On peut demander à l’enfant s’il préfère commencer par des mathématiques ou du français. On peut apprendre à compter dans le jardin ou en forêt.

Un autre aspect du gain de temps en IEF, même s’il n’est pas le plus flagrant, est celui que l’on passait en magasins pour acheter des vêtements pour les enfants. Ceux qui font l’école à la maison ne sont pas habillés de guenilles mais vont beaucoup moins user leurs vêtements et chaussures que dans les cours d’école. Ceux qui vivent à la campagne peuvent avoir une sélection de vêtements spéciaux pour aller jouer dans le jardin. Entendez par là, des vêtements avec un petit trou ou une tâche qui ne veut pas partir, qu’on n’aurait pas osé mettre aux enfants pour l’école. Ces vêtements sont idéaux pour se rouler dans l’herbe, grimper aux arbres, faire une balade en forêt, jouer dans le sable. Il en est de même pour les petits citadins qui vont au parc. A quoi bon tâcher, parfois définitivement, un vêtement neuf ?
Autre chose que l’on ne fait plus en IEF et qui fait gagner du temps ? Les devoirs ! Ils sont totalement inutiles lorsqu’on fait l’école à la maison. Les parents n’ont pas besoin d’être informés des nouveautés apprises à l’école puisque ce sont eux qui s’en occupent. Ils n’ont pas non plus besoin de rafraîchir la mémoire de leurs enfants puisqu’ils savent exactement où ils en sont, s’il sera nécessaire de revenir sur telle ou telle leçon ou non. Il y a plein de petites choses comme celles-ci qui ne sont plus nécessaires en IEF : la course du dimanche après-midi pour préparer la semaine, les vêtements de sport pour la séance hebdomadaire, les vêtements spéciaux et les gâteaux pour les fêtes de l’école…

Le plus bénéfique reste le gain… de qualité de vie ! Toute la famille est bien plus détendue et ça se ressent dans les rapports intra-familiaux comme avec les autres personnes. Le temps passe vite, les enfants grandissent à une vitesse vertigineuse. Passer ces journées ensemble permet de profiter réellement les uns des autres, de ne plus avoir cette impression oppressante de ne faire que de l’intendance et de toujours courir après le temps. Tout cela pour espérer se dégager une heure par jour pour pouvoir enfin passer du bon temps avec ses enfants.

Que l’on choisisse d’avoir des horaires fixés ou pas, en IEF, les seuls horaires imposés qu’il reste réellement sont… ceux des activités extra-scolaires !

Emilie, fondatrice du blog alecoledesloupiots.fr, pour Pass Éducation